La phytothérapie est aussi ancienne que la civilisation elle-même. Nos ancêtres, dépourvus des progrès pharmaceutiques dont nous bénéficions aujourd’hui, se sont tournés vers leur environnement pour trouver des remèdes. Ils ont découvert que certaines plantes pouvaient soulager divers maux, et ce savoir s’est transmis de génération en génération.
La phytothérapie, ou le pouvoir de la rémission à base de plantes
La phytothérapie repose sur le principe que les plantes contiennent des composés actifs qui peuvent avoir des effets bénéfiques sur le corps. Ces composés sont extraits des parties de la plante tels que les feuilles, les fleurs, les racines ou les écorces, et utilisés sous différentes formes, notamment les infusions, les décoctions, les teintures ou les gélules.
La phytothérapie s’utilise de manière préventive pour maintenir la santé et renforcer le système immunitaire, ainsi que pour traiter diverses affections. Elle agit sur différents systèmes du corps, tels que le système digestif, respiratoire, cardiovasculaire, nerveux ou hormonal.
Contexte historique
La phytothérapie, la pratique qui consiste à utiliser des plantes à des fins médicinales, a une histoire qui s’étend sur des milliers d’années et englobe de nombreuses cultures. Née dans le monde antique, la phytothérapie faisait partie intégrante des systèmes de médecine traditionnelle. Certaines civilisations ont méticuleusement enregistré les remèdes à base de plantes. Les Sumériens se servaient des tablettes d’argile pour enregistrer l’utilisation des herbes. On a même retrouvé un papyrus (Le papyrus Ebers), un ancien document égyptien, répertoriant plus de 877 prescriptions pour soigner avec les plantes.
Évolution vers la médecine moderne
Au fil du temps, la phytothérapie a développé une structure plus formalisée avec l’avènement des méthodologies scientifiques. On à alors commencé à catégoriser systématiquement les plantes et leurs propriétés médicinales. Le siècle dernier a marqué un changement important puisque on à su isoler les composés actifs des plantes, conduisant au développement de médicaments. Avec l’aspirine par exemple, on est passé de l’utilisation de l’écorce de saule, (contient de l’acide salicylique), en Grèce antique, pour réduire fièvre et douleurs, à l’élaboration d’un médicament; l’aspirine. Ce n’est que bien plus tard, que l’on à su créer synthétiquement l’acide salicylique, qui est le principe actif de l’aspirine.
Aujourd’hui, la phytothérapie combine les connaissances traditionnelles avec la recherche clinique moderne, cherchant à comprendre les bases pharmacologiques des plantes médicinales.
La phytothérapie, terme dérivé des mots grecs « phyton » signifiant plante et « therapeia » signifiant guérison.
Base philosophique
Les fondements philosophiques de la phytothérapie sont ancrés dans la conviction des pouvoirs de guérison de la nature. On considère que le corps soit capable d’atteindre l’équilibre et le bien-être grâce à des interventions botaniques.
Les principes clés reposent sur une approche holistique, avec un appui focalisé sur le bien-être général.
L’approche holistique
Une approche holistique consiste à avoir une vue d’ensemble et à reconnaître l’interconnectivité de toutes les parties du corps. Cette démarche souligne l’importance de l’équilibre et cherche à aborder les problèmes de manière globale.
La phytothérapie met en avant une approche complète qui prend en compte les aspects physiques, mentaux, et spirituels, pour traiter la personne dans son ensemble, plutôt que de se concentrer uniquement aux symptômes d’une maladie.
Soutien au bien-être général
La phytothérapie peut inclure des recommandations en matière de mode de vie et de régime alimentaire qui favorisent la santé. Cette approche globale des soins préventifs encourage les individus à adopter des habitudes plus saines, qui peuvent avoir un impact considérable sur le bien-être.
Une approche plus douce
Les remèdes à base de plantes ont moins d’effets secondaires que les médicaments lorsqu’ils sont utilisés correctement. Cela en fait une option intéressante pour les soins préventifs sur le long terme, car ils peuvent être pris sur de longues périodes sans le même niveau de risque associé aux médicaments conventionnels.
Qu’est ce que le principe actif d’une plante
Un principe actif d’une plante médicinale est une substance ou un ensemble de substances responsables d’un effet thérapeutique. Ces principes actifs sont des molécules de diverses natures telles que des alcaloïdes, des flavonoïdes, des terpènes, des glycosides, etc… Ces principes actifs contenus dans les feuilles, les racines ou les tiges des plantes, sont utilisés en phytothérapie pour des infusions, teintures, ou décoctions.
Les effets thérapeutiques des plantes sont souvent dus à une interaction de plusieurs composés phytochimiques qui agissent en synergie. Cela signifie que l’impact collectif de ces composés peut être supérieur à la somme de leurs effets individuels. Par exemple le gingembre contient des gingérols, des shogaols et de la zingérone, qui contribuent ensemble à procurer des effets intenses anti-inflammatoires et anti-nausées.
Attention, même si vous pensez qu’un composé actif peut vous être bénéfiques, ils peuvent néanmoins provoquer des effets secondaires néfastes si vous êtes déja sous traitement médical. Par conséquent, l’utilisation de plantes médicinales doit être abordée avec prudence et idéalement sous la direction d’un professionnel de santé.
Les constituants actifs des plantes
Les plantes contiennent une variété d’ingrédients actifs, également appelés composés phytochimiques. Ce sont ces ingrédients actifs qui servent en phytothérapie pour leurs propriétés thérapeutiques.
Les Alcaloïdes
Les alcaloïdes sont un groupe de composés organiques naturels contenant de l’azote. Ils ont souvent de forts effets physiologiques. Les alcaloïdes les plus connus se trouve dans la caféine, la morphine extraite du pavot à opium, ou la quinine extraite de l’écorce du quinquina, la belladone, ou la colchique. Ces composés ont des effets stimulants sur le système nerveux, analgésiques, voire toxiques suivant la quantité prise. C’est pour cela qu’en phytothérapie, le dosage est vraiment important.
Les Flavonoïdes
Les flavonoïdes constituent un groupe diversifié de phytonutriments, dotés de propriétés antioxydants et anti-inflammatoires.
Voici quelques plantes qui contiennent des flavonoïdes :
- La Camomille qui contient de l’apigénine, qui aide à réduire l’inflammation et à produire un effet calmant.
- Le Chardon-Marie qui renferme de la silymarine, qui à des effets protecteurs sur le foie.
- Le Millepertuis qui comporte de la quercétine et de l’hyperoside, doté de propriétés antidépressive.
- Le Passiflora incarnata qui contient de la vitexine et de l’isovitexine, qui ont un effet apaisant sur le système nerveux.
- Le Ginkgo biloba, connu pour sa teneur en quercétine, kaempférol et isorhamnétine, est utilisé pour les problémes cognitifs et circulatoires.
Les Terpènes
Les terpènes sont des composés organiques naturels, principalement produits par les plantes. Si certains terpènes sont utilisés par les fabricants industriels comme arômes et parfums, les terpènes ont des propriétés pharmacologiques, qui sont anti-inflammatoires, antiseptiques, et antiviraux.
Voici une liste de plantes qui contiennent des terpènes :
- Le Thym qui contient du thymol, un terpène aux puissantes propriétés antiseptiques et antifongiques.
- La Menthe poivrée qui renferme du menthol, idéal pour soulager les troubles digestifs.
- La Citronnelle est une source de citral, un terpène avec des qualités antimicrobiennes.
- Le Romarin posséde du pinène et du camphre, qui ont des propriétés anti-inflammatoires.
- Le Cannabis contient une variété de terpènes comme le myrcène, le limonène, le pinène, le linalol et le caryophyllène.
- La Lavande est riche en linalol, un terpène connu pour ses effets relaxants et calmants.
Méthodes d’extraction des principes actifs en phytothérapie
A ce sujet, on évoque souvent le cryobroyage comme une méthode d’extraction. Ce n’est pas tout à fait exacte. Le cryobroyage est plutôt une technique préparatoire utilisée préalablement à l’extraction des principes actifs des plantes. Il s’agit de refroidir la matière végétale à des températures très basses à l’aide d’azote liquide. Cela rend la matière cassante et plus facile à broyer en poudre, sans perte de composés volatils et sans dégradation due à la chaleur. Après le cryobroyage, la matière végétale en poudre peut ensuite être soumise à diverses méthodes d’extraction, telles que l’extraction par solvant, macération, infusion ou l’Hydrodistillation.
La Macération
Avec cette méthode, le végétal est trempé dans un solvant à température ambiante pendant une période prolongée, permettant aux composés actifs de se dissoudre dans le solvant. Le mélange est ensuite filtré et le liquide contenant les composés extraits est collecté.
L’infusion
Semblable à la préparation du thé, cette méthode consiste à verser de l’eau chaude sur les matières végétales et à laisser infuser le mélange. L’eau chaude agit comme solvant et extrait les principes actifs.
La Décoction
Ce processus consiste à faire bouillir les végétaux dans de l’eau pendant une certaine période pour en extraire les composés. Le liquide est ensuite filtré et peut être utilisé. Les décoctions sont particulièrement adaptées pour extraire les composés actifs des parties végétales plus résistantes telles que les racines, les écorces, ou les graines, car ces matières nécessitent souvent une ébullition prolongée pour libérer leurs propriétés bénéfiques.
L’Hydrodistillation
Cette technique est utilisée pour extraire les huiles essentielles des matières végétales. Il s’agit de faire bouillir la matière végétale dans de l’eau, ce qui permet aux composés volatils de s’évaporer, puis de se condenser et de se séparer de l’eau.
Les différentes formes d’utilisations des plantes en phytothérapie
En phytothérapie, on utilise la plante dans son ensemble ou une partie de la plante (racines, feuilles, fruits) pour diverses préparations.
Les infusions
Les infusions sont généralement préparées pour une consommation immédiate, garantissant que les ingrédients actifs sont aussi intense que possible. C’est important en phytothérapie, où l’efficacité de la préparation peut diminuer avec le temps. De plus, l’efficacité d’une infusion peut facilement être ajustée en modifiant la quantité végétale utilisée, le volume d’eau ou le temps d’infusion. Cela permet d’adapter le dosage ses besoins.
Les teintures
Les teintures sont réalisés en macérant les parties de la plante dans un solvant alcoolique. Il en résulte une forme plus concentrée des composants actifs. Elles sont généralement prises par voie orale, en diluant quelques gouttes dans de l’eau ou dans une boisson. Une teinture pénètre plus rapidement et plus efficacement dans la circulation sanguine, que si la même composition était consommée sous forme de gélule nécessitant une digestion.
Les teintures sont administrées à petites doses, comme quelques gouttes ou millilitres, et les flacons compte-gouttes dont on se sert pour les remplir en teintures, facilitent l’ajustement du dosage selon les besoins. Cela permet un contrôle précis de la quantité consommée.
l’inhalation
L’inhalation est efficace lorsque l’on veut protéger le système respiratoire. Des affections telles que l’asthme, la bronchite, la sinusite et le rhume peuvent être soulagées en inhalant les huiles volatiles ou la vapeur de certaines plantes pour apaiser les voies respiratoires, réduire l’inflammation et faciliter la respiration.
Les plantes les plus couramment utilisées pour l’inhalation en phytothérapie, sont l’eucalyptus, le thym, l’origan et la menthe.
Les gélules
Les gélules sont utilisées en phytothérapie pour plusieurs raisons. La principale en est le conditionnement qui permet de les emporter partout. En déplacement vous ne pourrez sûrement pas avoir toutes vos plantes avec vous. De plus les gélules peuvent être fabriquées à partir de gélatine d’origine végétale, telles que la cellulose.
Mais surtout, les gélules permettent d’intégrer des mesures précises du produit, garantissant ainsi une dose constante et rigoureuse de la plante dans chaque gélule. Cela est d’autant plus intéressant si la préparation se compose d’un un mélange de différentes plantes censées agir en synergie. La gélule fournira ainsi une formule complète en une seule dose.
Les cataplasmes
Les cataplasmes permettent l’application directe des constituants actifs de la plante sur la peau. Ils sont particulièrement utiles pour traiter des affections localisées, telles que des des contusions, des infections, des piqûres ou des morsures, en concentrant les propriétés curatives des plantes sur la zone qui nécessite une attention.
Lorsque vous utilisez des cataplasmes, il est important d’être conscient du risque de réactions allergiques ou d’irritation cutanée, surtout si vous avez la peau sensible ou si vous utilisez une nouvelle plante pour la première fois. Il est également conseillé de consulter un médecin ou un herboriste qualifié avant d’utiliser des cataplasmes, notamment en cas d’affections graves.
Cosmétiques et soins corporels
Il est aussi possible de fabriquer des produits cosmétiques et des soins corporels naturels à base de plantes. En effet, on peut ajouter des plantes dans de nombreuses crèmes, lotions, baumes, savons, ou shampoings. En utilisant des produits à base de plantes sur notre peau et nos cheveux, ont bénéficie de leurs propriétés hydratantes, nourrissantes, apaisantes ou régénérantes.
Conclusion
Intégrer la phytothérapie dans votre quotidien est plus facile que vous ne le pensez. N’oubliez pas cependant que même si la phytothérapie, en exploitant le pouvoir curatif des plantes, améliore notre bien-être, elle ne remplace pas l’avis d’un médecin. Consultez toujours un professionnel de la santé avant de commencer tout nouveau schéma thérapeutique.
Photographie © Wdnet
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